Je conduis la Land Rover !

Introduction

La majorité des femmes passionnées de Land Rover ne connaissent plus vraiment d'apréhension au moment de grimper dans leur fidèle destrier. Hélas ! Ce n'est pas le cas des faibles femmes qui vont vivre cette expérience pour la première fois... Caroline fait son récit.

Exterieur

Au premier regard, la Defender ne présente pas plus d'interêt que n'importe quel autre camion. Sauf que ce n'est pas UN camion mais LE camion que je vais maintenant conduire. Tout de suite, ça calme et les euphémismes me viennent à l'esprit pour ne pas vexer l'engin. Faisons au préalable un petit tour du propriétaire, pour essayer de mieux l'avoir dans l'oeil."Que c'est gros !" "NON" on me répond, sur un ton las : un Defender 90 n'est pas plus long que ma petite Peugeot 206. En revanche, beaucoup plus large. Promis, je ferai attention aux piétons qui attendent sagement le feu vert, c'est la mode des chaussures à pointe longues, il serait dommage de les faire retourner à l'ancienne mode des bouts carrés.

L'avant ressemble à un camion et c'est pas aussi rassurant que les publicitaires aimeraient le laisser entendre : mieux vaut être derrière le volant à l'abri, que juste devant les 1,50 mètres de calanque. Les formes carrées, pas très féminines, sont rigolotes ça nous rappelle "Daktari" ou "les Dieux sont tombés sur le cul".

La couleur est jolie et même elle change en fonction de la lumière, c'est très chouette. J'aimerais bien la même pour mon télephone portable, si c'est possible.

En finissant mon tour, je remarque qu'on m'a collé un autocollant rigolo... comme je ne parle pas l'anglais, je ne comprends pas mais j'espère que ce n'est pas encore une amende, j'en ai déja eu trois cette semaine !

Je décide de monter en voiture... Il est aussi tellement plus haut ! Un inconvénient, que les hommes considèrent comme un avantage, c'est que au moment de grimper, les jupes glissent vers le haut, découvrant nos gigots. Un autre défaut c'est que au moment d'entrer dans un parking souterrain, on freine - on stoppe - on s'arrête ! On m'a prévenu que la hauteur du Defender oblige souvent à renoncer à utiliser ces si pratiques emplacements pour devoir aller se chercher dans le quartier un place exterieure. Ils font pas une version plus basse ?

 

Je démarre !

Je ne comprends pas tout de suite comment on fait pour enfoncer la clef dedans la voiture car je ne trouve pas le trou de la serrure pour le moteur. En utilisant mon miroir de poche, façon Mac Gayver, je déduis que le trou a été monté du mauvais coté, coté portière droite. Ou gauche, je ne sais jamais... Le coté où je monte quoi. C'est pas trop facile parceque je suis droitière (ah ben c'est à gauche, j'en suis sur maintenant) et je me demande bien comment on peut se tromper en fabriquant une voiture. C'est pas très sérieux quand même, messieurs les anglais !

Après, tout de suite, comme on me l'a appris au permis de conduire, je mets en route l'autoradio et je vérifie le retroviseur interieur. Surprise ! Cette voiture est vraiment dangereuse pour les femmes puisqu'il n'y a même pas de miroir dans le pare-soleil ! COMMENT JE CONDUIS MOI ? Je ne peux pas croire que c'est possible: encore une erreur au montage sans doute... Pour les passagères, même topo, pas de miroir du tout aussi. Heureusement, ils en ont quand même mis un au centre, que je règle de façon à me voir dedans: on peut démarrer en toute sécurité, enfin !

Ma main tombe sur le manche de vitesses et là, encore une surprise: le levier n'est pas comme d'habitude, il ne bouge même pas. Je force et, avec un gros craquement pas sympa, il bouge d'avant en arrière. Je me débarrasse par la fenêtre du morceau de plastique noir qui vient de sauter.

Ca sent un peu le plastique chaud. Pratique, il y a une petite place pour le téléphone portable. Enfin un truc interessant dans cette voiture. J'évite de toucher aux autres boutons. Avec mes pieds, je tiens le frein et j'accelère doucement, puisqu'ils ont oublié la pédale de gauche.

Quand je commence à rouler, je regrette d'avoir été volontaire pour cet essaie de voiture qui devient très dangereux. Je ne vois rien du tout dans les miroirs exterieurs.

J'ai un peu envie de pleurer.

 

Je roule avec la Range Rover !

Je me sens pas du tout en sécurité alors que toute à l'heure je pensais qu'il valait mieux être dedans que devant.

Le moteur fait un bruit qui gargouille comme un chat angora et c'est sympa. Dans les virages, on a l'impression que la voiture va basculer et il faut tourner beaucoup le volant pour aller ou on veut, comme si ils avaient oublier de serrer un boulot dans le volant. C'est possible ça ?

J'ai du mal à me positionner sur la route car je ne sais pas si je suis trop à droite ou trop à gauche (ou l'inverse) alors je roule tout doucement et les gens ont l'air contents: ils me font des appels de phares. On m'avait prévenu que les passionés de Land Rover faisaient des appels de phares mais j'ignorais que tous les conducteurs en faisaient, c'est très convivial.

Après quelques kilomètres, je dessere le frein à main et la petite lumière rouge s'éteint. La voiture fume un peu blanc par derrière mais on m'a dit que c'était prévu. Je décide de verifier la consommation d'essence et de m'arrêter à une station pour remplir. Galère ! Je n'arrive pas à enfoncer la clef dans la serrure du bouchon ! Et même après ça, impossible de le désserrer parceque c'est trop dur. Je renonce. Je vais dans la station pour m'acheter des chewing gums, c'est toujours ça de fait.

Comme j'en ai marre, je repars en direction du travail et me gare un instant plus tard devant la rédaction de Landipolitan, je mets un bouton dans la parcmètre, j'écris à la va vite un mot sur le pare-brise comme quoi le parcmètre il est en panne... et je rentre rédiger mon article sur cette voiture aussi moche que dangereuse.

 

 

 

 

 

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« En voiture, Simone ! »

En 1929, une demoiselle de 19 ans qui s'appelait Simone Louise de Pinet de Borde des Forest a passé son permis de conduire, ce qui était déjà plutôt rare pour une femme, et, dès l'année suivante, s'est mise à participer avec un certain succès et sans accident à des courses automobiles et des rallyes jusqu'en 1957.

A cette époque, elle a provoqué l'étonnement et l'admiration de très nombreuses personnes, Fangio y compris, paraît-il.
Son nom et son prénom étaient donc très connus et gravés dans de nombreux esprits.

Et v'là t'y pas qu'en 1962, Guy Lux crée pour l'ORTF l'émission Intervilles dans laquelle deux villes s'affrontent amicalement.
Il animait cette émission avec son compère Léon Zitrone. Tous les deux rivalisaient de plaisanteries plus ou moins élaborées et débordaient de mauvaise foi, chaque animateur cherchant en douce à favoriser la ville dont il commentait les exploits.
L'indispensable touche féminine était incarnée par une troisième personne, Simone Garnier.
Guy Lux n'a donc pu s'empêcher, par allusion à la pilote célèbre et pour démarrer certaines actions du jeu, de lancer le fameux cri de guerre "En voiture Simone !".

En réalité, l'expression complète et de haute tenue était "En voiture Simone, c'est moi qui conduis, c'est toi qui klaxonnes !" reprise ensuite par les deux compères dans une chanson inoubliable -mais oubliée- "Le tango d'Intervilles"