Le remplacement des garnitures des freins à tambour est rendu fréquent non pas par l'usure classique que connaissent les voitures normales... Non, c'est plutôt souvent une conséquence de la rupture d'un joint Spi de moyeu... qui arrive beaucoup plus fréquemment. Une fois que le Spi rend l'âme, vous allez le changer, pour celà devoir de toute façon passer par le démontage des freins... et comme les garnitures seront la majorité du temps imbibées par l'huile de transmission... autant aussi changer les garnitures, ce n'est pas beaucoup plus long.
-Et tu veux me démontrer quoi là ?
- Qu'une Land avec des tambours huilés, ça ne freine pas...
Attention, toutefois... voir ici avant tout pour éviter LA mauvaise surprise.
PREPARATION
Pour réussir votre changement de garnitures de freins, il faut avant tout penser "sécurité" : les freins c'est un sujet sérieux ! Alors, on pose sa troisième cannette de bière sur l'aile avant pour ne pas la renverser. Voilà. Ceci fait, on peut opérer en toute sécurité.
Le t-shirt "spécial freins ", sans lequel toute opération est impensable, inenvisageable, impossible, superfétatoire;
La revue technique. Là encore : incontournable et indispensable. A sa lecture, comme c'est en anglais, rien n'est possible non plus mais au moins on a les images et de toute façon, ça fait plus pro au cas ou le voisin passerait jeter un coup d'oeil. Le cric est un modèle PACHER qui a un système de descente automatique, importé de chez Land Rover, avec l'incontournable petite fuite d'huile : grâce à celle-ci, en 15 petites minutes, il revient en position horizontale tout seul. L'utilisation de chandelle est obligatoire et cette fois, on ne rigole vraiment pas.
LE DEMONTAGE
Une rallonge sera la bienvenue pour aider au dégrippage des écrous de roue car, pour sur, vous avez oublié au dernier remontage le filet d'huile sur le filetage. La douille est en pas impérial (pouces) et se commande chez Facom. Une dose de W40 avant l'apéro est aussi très utile.
La roue est posée. Il faut s'attaquer au tambour lui même. Lui aussi est sans doute soudé en place par la rouille et le temps. On commence par resserer le réglage des freins, via le pan carré à l'interieur de la roue, pour que le tambour tourne le plus librement possible à la main. Comme toujours en mécanique, on va maintenant procéder en se tapant sur les doigts. Il y a en effet des vis courtes et épaisse qui maintiennent en place le tambour. Après avoir essayé plein d'une naive candeur, au gros tournevis, on va essayer au tournevis à percussion... sans aucun résultat.
La méthode dite "du bourrin" est alors applicable: a l'aide d'un tournevis, cette fois emprunté au voisin (car en général il s'autodétruit dans l'opération), on va tapoter perpendiculairement à la rainure de la vis, à l'extremité droite de l'axe centrale de rotation. Ca bouffe méchamment la vis mais, petit à petit, et à grand renfort de W40, ça commence à tourner. Sauvage mais efficace. Sans compter que vos cannettes de bière à cause des coups de marteau viennent de tomber par terre.
Il faut défaire ces deux petits boulons, eux aussi en pas impérial (et là, vous risquez de les arrondir si vous n'avez pas la clef adhoc...). Mauvaise surprise : vos nouvelles garnitures fraichement commandées sont, pour leur part, entièrement en pas métrique. Et alors ? Ben alors les deux écrous ci-dessus ne vont pas pouvoir être remontés sur vos nouvelles semelles car leur filetage est différent ! Donc impossible de remonter l'ensemble ! Vérifiez ce point avant de commencer et si besoin, commandez aussi ces petits boulons.
Voici votre ensemble de semelle-garnitures, prêtes à l'emploi. Deux par roue... de préference. Attention au sens de montage, assez simple à trouver une fois qu'on s'est trompé. Je vous rassure, il n'est pas possible de remonter dans un sens inexact.
Une fois les deux écrous démontés, on sort de son axe la pièce ainsi devenue mobile. Celà va permettre aux garnitures de se dégager. Les ressorts doivent être ménagés car réutilisés au remontage. Notez que si le bas se démonte facilement, il faut faire attention au ressort supérieur qui peut avoir pas mal de pression au moment de dégager le haut des garnitures. Le cylindre de freins, lui aussi, demande un traitement précautionneux.
On voit ici le ressort supérieur en place, qui se fixe à droite sur l'escargot de reglage de serrage des garnitures contre la paroi interne du tambour, via un pan carré à l'arrière (coté moteur).
Ici, tout a été démonté et nettoyé. Notez le ressort supérieur, toujours en place sur son point d'accroche gauche. Le cylindre de freins qui par pression hydraulique sur la pédale s'étend et écarte dans son mouvement les semelles pour les appuyer contre la face interne du tambour, créant (à priori) un début de freinage. L'axe d'écartement est donc en bas.
Même photo, cherchez les différences. La pièce de maitien de l'axe inférieur n'est ici pas remontée.
Cette pièce, je veux dire. A remonter avant ! Cet article est vraiment mal foutu.
Le remontage, c'est en sens inverse, y compris le sens de serrage des boulons. Et cette fois, on pense à mettre une goutte d'huile sur tous les filetages. Pour l'année prochaine, lors de votre prochain démontage lorsque le joint Spi aura de nouveau laché ! On admire sur cette magnifique photo le petit entennoir rouge, pris sur le vif, en train de choir au sol.
Il reste le réglage initial de l'écartement des machoires dans le tambour. Le réglage se fait par la bonne vis excentrique à facette que l'on visse/dévisse et trouver un bon réglage relève de la magie... faut pas s'attendre à avoir un équilibrage parfait de toute façon. Le réglage se fait roue remontée.
| 1/ roue remontée, soulevée du sol sur chandelle de quelques centimètres; | |
| 2/ positionnez sur le pan carré à l'interieur de la roue (donc vers la lame de ressort) une clef, idéallement à oeil; | |
| 3/ tournez jusquà ce qu'il devienne impossible de tourner la roue à la main. Vous venez ainsi d'identifier le bon sens pour débuter la procédure; | |
| 4/ on repart dans l'autre sens en s'attendant à un leger bruit métalique. Vous venez de mettre en position minimum vos garnitures, c'est à dire que le cercle qu'elles forment est au plus petit; | |
| 5/ serrez doucement en detectant combien de tours vous mettez jusqu'à ne plus pouvoir tourner la roue à la main; | |
| 6/ ajoutez un tour complet donc 360 degrés dans le même sens (qui d'ailleurs correspond à l'épaisseur de votre garniture); | |
| 7/ et on dessere en sens inverse tout doucement, juste de quoi pouvoir tourner la roue à la main. | |
C'est fini !
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| Evidemment, on ne part pas sur les chapeaux de roues mais on va tester ses freins avant tout dans un endroit plat, sans danger, à l'écoute du moindre problème. |
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Certains recommandent de "trop serrer" les freins pour les roder sur quelques centaines de kilomètres. Attention, si la méthode fonctionne, vous risquez aussi de ruiner votre travail en glaçant les garnitures (coup de chaud)... C'est un choix. Si vous optez pour cette solution, après une dizaine de km, descendez et touchez vos jantes: elles doivent etre froides ou presque froides. En aucun cas chaudes ou brulantes ! Si c'est le cas, vous portez à ébullition le liquide de frein et au prochain freinage, ça sera comme sur de la glace. Enfin, il est possible de pré-roder ses garnitures avec quelques coups de lime bien placés, notamment sur tous les angles et arrêtes du materiau de friction. Si l'usage du Ferrodo est interdit depuis bien des années, évitez de respirer à plein nez les poussières de ces garnitures... c'est irritant voire cancerigène. Bonne route ! |
FIN de l'opération. Temps : 45 mn. Surtout à cause des filetages coincés, en fait...
Petite vidéo, après réglage des excentriques de la SIIA 88:
